jeudi 4 mai 2017

Une année de césure à Mulhouse


Vue du quartier Drouot de Mulhouse du haut du clocher de l'église Saint-Jean-Bosco

Étant âgé de 22 ans, après trois ans passés au séminaire, il me fallait vivre une année de césure. Grâce aux rencontres que j'ai pu faire durant mes trois années de séminaire, j'ai souhaité très vite passer une année au service de ceux qui sont dans le besoin et qui cherchent avant tout à rencontrer des personnes qui les écoutent. Les personnes de toutes pauvretés m'ont beaucoup impressionné par leurs expériences de vies marquées de nombreuses souffrances, mais j'ai souvent constaté chez eux une très grande foi en Dieu et une très grande espérance. Ainsi je souhaitais ardemment vivre cette année de césure sous le signe de la charité et du don aux autres. C'est également le fruit de ma méditation : si je veux me donner totalement à Dieu, cela veut également dire se donner aux autres, à l'image du Christ, qui comme nous le méditons lors de la Semaine Sainte, « n'est pas venu pour être servi, mais pour 
servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Marc 10, 45).























Espace Caritas Drouot

Parfois, la Providence souhaite que nous soyons dans un lieu que l'on n'aurait pas pensé choisir, ce qui est le cas pour moi. Cette année, je suis donc à Mulhouse. Du lundi au vendredi, je vis un service civique à l'espace Caritas Drouot situé au 1 rue de Bretagne à Mulhouse, sous la responsabilité de Claude Gensbeitel, le responsable de la permanence et de mon service à Caritas. Le week-end se passe dans la communauté de paroisses Rives du Nouveau Bassin où se trouve le curé Claude Muslin. De plus, je loge dans une colocation de 7 chambres appartenant à la paroisse Sainte Jeanne-d'Arc. Comme la colocation se trouve à proximité de l'église, j'aime beaucoup prier la liturgie des Heures dans cette belle église construite entre 1933 et 1935.


Maître-autel de l'église Sainte Jeanne-d'Arc

Je suis présent à Caritas 35 heures dans la semaine. Mes activités consistent principalement à aider les bénévoles lorsqu'il y a besoin d'une personne : pour la réception, l'accueil-écoute (où nous écoutons le demandeur pour au mieux l'orienter pour, comme le dit la devise de Caritas, « remettre l'homme debout »), l'accompagnement des achats avec les bénéficiaires, le tri des denrées livrées par la Banque Alimentaire, la préparation du café pour la salle d'attente, etc... Dernièrement, suite au départ d'un salarié, j'ai reçu la responsabilité de la gestion du planning épicerie et de la préparation des dossiers pour le jour de l'épicerie. Cela nécessite une attention particulière, puisque environ 75 personnes bénéficient de l'épicerie sociale.

Ce qui me marque beaucoup à Caritas est le dévouement des 156 bénévoles. Étant présent toute la semaine, cela me permet de discuter avec la plupart d’entre eux. Des liens se sont formés très rapidement. Chaque bénévole vient avec ce qu'il est, et agit avec une grande vérité, ainsi il n'y a pas de superficialité et d'hypocrisie dans nos échanges, ce qui m'impressionne beaucoup. Outre la richesse des personnalités, chaque bénévole a un parcours de foi bien différent. Il y a des bénévoles qui sont à Caritas pour exercer la vertu théologale de la Charité. Il y en a également qui ont été déçus par l’Église, car ils ont eu de mauvaises expériences avec des chrétiens. Cependant, il est clair que chaque bénévole, consciemment ou non, est guidé par l'Esprit, car Caritas est un lieu où on se laisse façonner par le Christ et son Esprit. Les discussions avec les bénévoles et les accueillis me permettent surtout de me laisser enseigner par eux et découvrir l'autre, qui est à l'image de Dieu et donc me laisser enseigner par Lui.



L'accompagnement des achats à l'épicerie sociale

Enfin, la vie à Caritas, la vie dans la colocation et la vie paroissiale ne serait que du pur activisme si tout ce que je faisais n’était pas centré sur le Seigneur, mon rocher. Ainsi j'essaye au mieux de prier les différents offices de la journée et de vivre l'eucharistie quotidienne qui est l'achèvement de ma journée de travail. « Le moment est venu de réaffirmer l’importance de la prière face à l’activisme et au sécularisme dominant de nombreux chrétiens engagés dans le travail caritatif. Bien sûr, le chrétien qui prie ne prétend pas changer les plans de Dieu ni corriger ce que Dieu a prévu. Il cherche plutôt à rencontrer le Père de Jésus Christ, lui demandant d’être présent en lui et dans son action par le secours de son Esprit. La familiarité avec le Dieu personnel et l’abandon à sa volonté empêchent la dégradation de l’homme, l’empêchent d’être prisonnier de doctrines fanatiques et terroristes. Une attitude authentiquement religieuse évite que l’homme s’érige en juge de Dieu, l’accusant de permettre la misère sans éprouver de la compassion pour ses créatures. Mais celui qui prétend lutter contre Dieu en s’appuyant sur l’intérêt de l’homme, sur qui pourra-t-il compter quand l’action humaine se montrera impuissante ? » (Benoît XVI, encyclique Deus caritas est n°37) 

Adrien Schneider, séminariste

Vidéo sur l'Espace Caritas Drouot : https://www.youtube.com/watch?v=Bu4neiqUOxs .